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Samir Frangié : « Mettons en avant le modèle libanais où chrétiens et musulmans gèrent l’Etat ensemble »

Samir Frangié : « Mettons en avant le modèle libanais où chrétiens et musulmans gèrent l’Etat ensemble »

L’arrivée de Michel Aoun à la présidence du Liban a conforté le Hezbollah au pouvoir. Le parti chiite, alerte l’intellectuel Samir Frangié, reproduit la même erreur que le camp chrétien avant la guerre civile, qui avait refusé de donner leurs droits aux musulmans.

LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)

Intellectuel libanais, Samir Frangié est ancien journaliste et ancien député. Il a été l’un des ténors du 14-Mars, ce mouvement né en 2005, dans la foulée de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, qui a su, grâce à une mobilisation pacifique, chasser du pays les forces d’occupation syriennes (présentes au Liban depuis 1990). Auteur de Voyage au bout de la violence (Actes Sud, 2012), Samir Frangié plaide pour un « autre » Liban, débarrassé de son carcan communautaire.

Vous avez été l’une des rares personnalités libanaises à vous enthousiasmer pour les « printemps arabes ». Aujourd’hui, conservez-vous ce sentiment ?

Oui, même si les élans démocratiques inaugurés par ces « printemps » ont connu des reculs considérables. Au Yémen, la situation a pris la dimension d’un conflit entre communautés musulmanes. En Syrie, cela a dégénéré avec la violence du régime et la contre-violence. Mais il y a eu aussi des percées positives, comme en Tunisie. Dans tous ces pays, cet élan de 2011 reste gravé dans la mémoire des gens.

Beaucoup redoutaient que le conflit syrien ne s’exporte au Liban, mais ce ne fut pas le cas, même si le pays a été déstabilisé par des attentats…

Les Libanais ont tiré des enseignements de leur guerre civile [1975-1990] : il n’y a pas d’excitation à porter les armes. L’affrontement qui a eu lieu à Beyrouth en mai 2008 [le Hezbollah chiite avait pris le contrôle de l’ouest de la capitale, après que le gouvernement eut décidé de supprimer son réseau de télécommunications parallèle] a montré qu’il existait dans le pays un conflit sunnite-chiite larvé. Mais cette confrontation a aussi posé des limites : une guerre au Liban ne ferait que multiplier les problèmes, sans en résoudre aucun. Ce qui m’inquiète, en revanche, ce sont de possibles nouvelles opérations de Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] contre le Hezbollah, qui pourraient contribuer à relancer les tensions communautaires au Liban.

Quel est l’avenir du Hezbollah dans la guerre en Syrie, où il se bat officiellement depuis 2013 aux côtés du régime ?

Le Hezbollah sait pertinemment qu’il ne peut pas ramener Bachar Al-Assad au rang de dirigeant, tel qu’il le fut avant la révolution. Il peut seulement retarder sa chute et permettre une négociation sur l’avenir de la Syrie, sans la mener.

 

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