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LIBAN Face au triptyque du Hezbollah, stratégie de défense et « notion d’État » resurgissent

LIBAN Face au triptyque du Hezbollah, stratégie de défense et « notion d’État » resurgissent

 

Michel Aoun s’entretenant avec Nouhad Machnouk. Photo ANI

POLITIQUELe rôle de l’armée, un « droit et un devoir », souligne Machnouk, alors que Geagea relativise le succès du parti chiite.

28/07/2017

Outre le fait de présenter la bataille du jurd de Ersal comme un triomphe du Liban contre les jihadistes de Fateh el-Cham, le discours mercredi du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, revêt une importance politique certaine, dans la mesure où le leader chiite s’est efforcé de remettre en selle le fameux triptyque « armée-peuple-résistance », cher à son parti. Il l’a fait notamment en saluant à plusieurs reprises le rôle de la troupe dans la bataille du jurd, et aussi en dédiant cette victoire « à tous les Libanais ».
Mais, au sein de la classe politique, de nombreux protagonistes se sont employés hier à réfuter cette thèse et répéter, face au Hezbollah, que l’armée devrait être dotée du monopole du port des armes pour défendre le pays.
C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos tenus par le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, à l’issue d’un entretien avec le président de la République, Michel Aoun. « Les Libanais ont le droit de désirer que l’armée les défende sur l’ensemble du territoire du pays. Et il s’agit là d’un droit et d’un devoir », a déclaré le ministre sans détour, ajoutant toutefois que « ceux qui soutiennent l’armée ne portent aucunement atteinte à la dignité des autres ».
De même, le Rassemblement de la République, de l’ancien chef d’État Michel Sleiman, s’est élevé dans un communiqué contre les tentatives visant à présenter la troupe comme étant « incapable (d’affronter le terrorisme) ». « Cela est contraire à la vérité et place le pouvoir politique face à ses responsabilités, devant le peuple qui se pose la question de savoir qui a donc intérêt à nuire à l’image de l’armée, sachant que celle-ci a déjà affronté les terroristes à Denniyé (1999-2000), Nahr el-Bared (2007) et Ersal (2014), et mis en échec les tentatives visant à édifier un émirat islamique au Liban », a ajouté le Rassemblement, appelant les soldats à se charger du nettoyage des secteurs où se trouve le groupe État islamique.
Même son de cloche du côté de Meerab. Sur son compte Twitter, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a placé la querelle dans un contexte plus large. « Quel intérêt pour le Liban de se débarrasser des éléments armés au fin fond du jurd (de Ersal), dans la zone frontalière libano-syrienne, s’il lui faut pour cela perdre son âme et s’écarter de la notion d’État ? » s’est-il interrogé dans ce qui sonne comme une réplique implicite au discours de Hassan Nasrallah prononcé mercredi soir.
Antoine Zahra, député FL du Batroun, a renchéri : « Les FL n’ont jamais accepté le triptyque “armée-peuple résistance” et ne l’accepteront jamais », a-t-il dit dans une déclaration à Radio Liban libre, avant de poursuivre : « C’est la troupe qui a empêché les terroristes de s’infiltrer dans les villages. Elle n’a donc pas été un simple soutien aux éléments du Hezbollah. »
Mais, au-delà de la question du slogan préféré du Hezbollah, on souligne dans certains milieux politiques que le secrétaire général du parti chiite a carrément relégué aux oubliettes la stratégie de défense qui aurait dû être débattue dans le cadre du dialogue national à Baabda sous le mandat de Michel Sleiman. M. Machnouk a d’ailleurs évoqué cette question en soulignant que « la querelle sur le rôle de l’armée dans la dernière bataille s’explique par l’interruption des débats autour de la stratégie de défense » et en indiquant avoir demandé au président Aoun « de remettre cette question sur le tapis pour rectifier le tir ».
Pour les observateurs, le ministre de l’Intérieur a ainsi renvoyé la balle dans le camp de Michel Aoun, à l’heure où d’aucuns s’attendent à la tenue d’un dialogue élargi à Baabda portant sur ce dossier épineux, sachant que le Hezbollah pourrait bien boycotter un tel dialogue, ce qui réduit les chances de sa tenue.
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, ne semble pas, pour sa part, très optimiste. Il préfère observer les développements sur le terrain, fait-il savoir. « D’autant que les circonstances locales et régionales ne permettent pas d’aborder la question de la stratégie de défense », dit-il à L’OLJ, appelant à attendre l’évolution de la situation sur le terrain.

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