
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURPour le recteur Salim Daccache, « dans le monde de demain, il y aura toujours une place pour les poètes et les artistes, les lettrés en arabe et en français, les historiens et les géographes, les pédagogues et les mystiques ! ».
En guise de discours de promotion, les nouveaux diplômés du campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph ont eu droit mardi soir à un éloge de la conscience, à plusieurs voix. C’est ainsi que l’ancien député Salah Honein, invité d’honneur de la cérémonie de remise des diplômes –
qui s’est tenue sur le campus de Mar Roukoz –, a mis en garde les 442 nouveaux diplômés : À l’heure de la « révolution numérique », a-t-il dit, « une conscience alerte et vive est plus que jamais exigée ». Pour sa part, le recteur Salim Daccache les a rassurés. « Dans le monde de demain, a-t-il statué, il y aura toujours une place pour les poètes et les artistes, les lettrés en arabe et en français, les historiens et les géographes, les pédagogues et les mystiques ! »
Ces assurances ont conclu un message dans lequel le père Daccache mettait en garde les nouveaux diplômés contre ceux qui « osent dire que cette civilisation du XXIe est seulement celle de l’innovation technologique et scientifique, et que les lettres françaises et arabes, les classiques comme les modernes, les sciences humaines et religieuses n’ont plus d’intérêt ! ».
« Chers diplômés, a-t-il ajouté, celui qui vous parle n’a fait comme vous que les sciences philosophiques, humaines et religieuses, et il réalise combien ces lettres et sciences sont fondamentales car elles donnent sens à la vie et pour la vie, et que si elles sont bien faites et bien étudiées, elles peuvent elles aussi devenir une profession rentable ! »
Pierre angulaire
Prenant le relais du recteur, Salah Honein devait souligner que « la faculté de l’esprit demeurera la pierre angulaire de l’évolution de toute société afin que celle-ci ne s’engouffre pas dans les abysses d’un monde dépourvu d’humanisme qui nous échapperait ».
Et d’ajouter : « La connaissance et le savoir ne suffisent plus ; une conscience alerte et vive sera plus que jamais exigée et devra s’élever à une nouvelle dimension pour renforcer l’immunité de l’homme ; la laisser mourir chez les uns la ferait périr chez les autres. Certes, d’autres générations avaient cru avant nous que l’époque où elles vivaient marquait un tournant évident dans l’histoire, mais le tournant que nous entamons en révolution numérique nous semble tellement dramatique. À cet instant précis, l’éveil devient impératif, l’éveil d’un humanisme porteur d’une sensibilité nouvelle au seuil d’une destinée oh combien inédite car le progrès technique, bien que souhaitable, n’a été jusque-là que le désir d’accroître le pouvoir de l’homme sur son environnement. »
Intervenant à son tour, Nassib Khoury, délégué de la Fédération des associations des anciens et président de l’Association des anciens de la faculté des lettres et des sciences humaines a félicité les nouveaux diplômés d’avoir rejoint l’armée des 100 000 diplômés de l’USJ qui les ont précédés.
Éthique et course à l’emploi
De son côté, s’exprimant au nom des étudiants, Fabienne Akiki a prolongé la double réflexion des deux orateurs qui l’ont précédée en affirmant : « Cette université qui a toujours l’ambition de former les meilleurs étudiants du pays est surtout une école de droiture, d’équité, de respect et d’ouverture (…). Nous sortons forts des compétences que nous pouvons directement investir dans le monde du travail, mais surtout forts d’attitudes et d’éthique qui pourraient nous démarquer dans la compétition vers l’emploi. Nous sortons prêts pour l’engagement dans la construction d’une “nation” comme citoyens actifs et acteurs de changement, conscients de nos rôles et responsabilités, et prêts à nous investir pour le développement du pays. »
Sous les ovations de l’assistance, composée des parents et de membres de la communauté universitaire, Fabienne Akiki a ensuite prononcé le serment professionnel d’usage.