
FOCUSEn une décennie, les rebelles marginalisés de la société yéménite sont passés des montagnes du Nord au contrôle de la capitale, Sanaa.
La ressemblance est troublante. La mise en scène est quasi identique : fond bleu, logo à gauche, sujet au centre de l’image et aucun journaliste pour poser des questions. Lors de ses interventions télévisées, le jeune leader enchaîne les envolées lyriques, ponctuées de brèves accalmies, en mélangeant les références religieuses et les annonces politiques. Abdel Malek al-Houthi a clairement intériorisé son personnage. Celui-là même qu’il a construit, au cours de ces dernières années, sur le modèle du maître en la matière : le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Le chef yéménite n’a ni le charisme ni l’influence de son aîné.
Mais c’est pourtant bien son mouvement qui domine actuellement le nord de son pays, dont la capitale Sanaa, et a obligé l’Arabie saoudite à intervenir en urgence au printemps 2015 pour stopper sa marche vers le Sud. Ce même mouvement qui résiste depuis plus de deux ans à l’intervention saoudienne vient d’éliminer son moins fidèle allié, l’ex-président Ali Abdallah Saleh, l’homme qui a incarné le Yémen pendant presque quarante ans. Deux décennies plus tôt, alors que les houthis étaient un mouvement d’opprimés cantonnés dans les montagnes du Nord yéménite, personne n’aurait pu imaginer un tel scénario.
C’est en 1990 que les prémices de la rébellion houthiste émergent discrètement………
Dans le même temps, les liens avec l’Iran se tissent en coulisses. « Au moins des centaines de houthis ont été entraînés en Iran et également par le Hezbollah à Téhéran dans les années 2000 », explique à L’OLJ Nadwa Dawsari, spécialiste du Yémen et chercheuse au sein de l’organisation Projet sur la démocratie au Moyen-Orient basé à Washington D.C. Hussein al-Houthi a, en outre, « vécu et étudié en Iran » pendant cette période, rapporte-t-elle. Les années suivantes, les houthis calquent leur discours sur la rhétorique de la République islamique en utilisant des éléments de la martyrologie chiite, poursuivant ainsi un peu plus le rapprochement avec Téhéran……