La santé avant les bénéfices… Le Saint-Père vient d’en décider ainsi : l’Anonna, le supermarché du Vatican, ne vendra désormais plus de cigarettes.
Le pape François ne plaisante pas avec la santé… © Orlando Barria/EFE/SIPA / EFE / SIPA/ Orlando Barria/EFE/SIPA
Le pape François place le « droit à la santé » au-dessus des intérêts économiques du plus petit État du monde. L’Annona, qui pratique des prix de duty free sur le tabac, l’essence, l’alcool et les vêtements de marque, est en effet une source de revenus importante pour le Vatican. Mais le pape François en personne a décidé d’interdire, à partir du 1er janvier 2018, la vente de cigarettes au sein de l’Anonna, le supermarché du Vatican. « Bien que les cigarettes vendues aux employés du Vatican soient une source de revenus pour le Saint-Siège, le profit ne peut justifier de mettre en danger la vie des personnes », a déclaré le porte-parole de la salle de presse, Greg Burke.
Bien qu’il soit en principe réservé aux employés du Saint-Siège et aux membres de la curie, de nombreux Romains ont dans leur entourage un parent ou un ami susceptible d’y faire des achats pour eux. Ainsi, pour les cardinaux ou les évêques, le seuil maximum d’achat consenti était fixé à… 500 paquets par mois. Beaucoup pour un seul homme… Toutefois, l’interdiction de vente ne concerne pas les cigares. Serge Gainsbourg aurait-il eu raison de chanter que « Dieu est un fumeur de havane » ?
L’herbe de Santacroce
C’est jadis un cardinal, Prospero Santacroce, qui avait importé le premier le tabac à Rome au XVIe siècle. Nonce apostolique à Lisbonne, il avait rencontré au Portugalle Français Jean Nicot qui l’avait initié aux plaisirs de ce qu’il appelait la « nicotiane ». Dans les États pontificaux, cette plante venue du Nouveau Monde fût baptisée « herbe de Santacroce » en hommage à l’homme qui l’avait importée. Les premiers à la cultiver dans les campagnes de la Ville éternelle furent des moines cisterciens. Le succès fût immédiat. De nombreux croyants fumaient ou chiquaient durant la messe, au point qu’au XVIIe siècle, le pape Urbain VIII dut en interdire l’usage dans la basilique Saint-Pierre. Quelques années plus tard, le pape Alexandre VII crée néanmoins le premier monopole des tabacs en Europe et en confie l’exclusivité à une famille du Trastevere, les Michilli.
Des papes fumeurs