Le Premier ministre Saad Hariri est également président du conseil d’administration de l’ex-géant du BTP, Saudi Oger. Photo P.H.B.
CONSTRUCTION
Poussée notamment à la faillite en raison des dettes de l’État saoudien de 8 milliards de dollars, Saudi Oger, l’entreprise de construction de Saad Hariri, a cessé ses activités fin juillet. Une situation qui arrange MBS, selon certains.
Sunniva Rose | OLJ20/11/2017
Pour expliquer la démission-surprise du Premier ministre Saad Hariri depuis Riyad le 4 novembre courant, plusieurs pistes ont été évoquées, dont celle d’un ras-le-bol du pouvoir saoudien face à ce que ce dernier considère comme un trop grand nombre de compromis de la part du Premier ministre libanais face aux Hezbollah, représenté au sein de son cabinet d’union nationale. Plus largement, certains ont évoqué des tensions entre, d’une part, le clan du roi Salmane et de son fils, le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS), et, d’autre part, Saad Hariri, dont la famille était la protégée de l’ancien roi Abdallah.
Mais le Premier ministre, qui détient également la nationalité saoudienne, a des intérêts commerciaux importants au sein du royaume wahhabite, dont l’importance a été éclipsée par la crise politique récente. À la tête du conseil d’administration de Saudi Oger, géant du BTP saoudien, Saad Hariri doit gérer un réel casse-tête financier et social. L’entreprise ne paie plus l’écrasante majorité de ses 38 000 employés depuis octobre 2015.
Fondé par le père de Saad Hariri, Rafic Hariri, en 1978, Saudi Oger est devenu un fleuron du BTP en Arabie saoudite, notamment grâce à sa proximité avec la famille royale. En 1994, Rafic Hariri place son fils Saad, âgé de 25 ans, à la tête du groupe. Dès 2013, des retards dans le paiement des salaires apparaissent, selon plusieurs employés. S’ils sont vite réglés, ils reflètent déjà des problèmes de trésorerie. À partir d’octobre 2015, les choses se gâtent. La majorité des salariés – dont ceux de 2 000 à 3 000 Libanais – ne perçoivent plus leur salaire.
L’Arabie doit 8 milliards à Oger
L’entreprise doit rembourser plus de 3,5 milliards de dollars à ses banques, en plus de milliards de riyals à ses fournisseurs et ses salariés, d’après des estimations de Reuters en septembre 2016. Mais l’État saoudien, dont les finances sont plombées par la chute des cours du brut, lui doit encore plus d’argent. Toujours selon Reuters, Riyad est endetté à hauteur de 8 milliards de dollars envers l’entreprise de Saad Hariri.