
De l’industrie pétrolière à l’automobile, plusieurs multinationales américaines ont exprimé leur déception après le retrait des États-Unis de l’accord de Paris et leur détermination à poursuivre leurs efforts pour réduire les émissions de CO2
Patron emblématique du constructeur automobile Tesla, Elon Musk n’a pas attendu bien longtemps avant de juger sur Twitter que la décision du président Trump n’était « pas bonne pour l’Amérique ou pour le monde. » Quelques minutes après l’annonce présidentielle, l’entrepreneur en a profité pour annoncer qu’il claquait la porte des différents cénacles qui conseillent M. Trump
Groupement des plus grands patrons américains, la Business Roundtable n’a pas critiqué frontalement la décision de M. Trump mais a tenu à souligner que les conséquences du changement climatique « étaient potentiellement graves et très étendues ». Et même les grandes majors pétrolières américaines, qui auraient a priori le plus à perdre de la transition énergétique, ont fait entendre leur désapprobation et apporté leur soutien à l’accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique. ExxonMobil continue de défendre l’accord qui constitue « un important pas en avant pour relever le défi mondial de la réduction des émissions », a indiqué un porte-parole à l’AFP. Son rival Chevron campe sur la même ligne
« Revers pour le leadership américain »
Sans surprise, les entreprises du secteur technologique, traditionnellement très engagées sur le climat, ont elles aussi critiqué la décision de M. Trump, assurant qu’elle « scellait un revers pour le leadership américain dans le monde », selon l’expression du Information Technology Industry Center (ITI) qui regroupe notamment Apple, eBay ou Yahoo
La finance n’est pas en reste : Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d’affaires Goldman Sachs, s’est servi pour la première fois de son compte Twitter, ouvert en 2011, pour affirmer que « la décision d’aujourd’hui est un revers pour l’environnement et pour le leadership des États-Unis dans le monde ». Plusieurs anciens dirigeants de la banque font pourtant maintenant partie de l’équipe économique de Donald Trump
Après la querelle sur l’immigration, cette levée de boucliers quasi unanime marque un nouvel accroc dans la lune de miel nouée entre Donald Trump et les milieux d’affaires, séduits par la promesse de baisses d’impôts massives et de dérégulation. Mais elle n’est pas tout à fait surprenante. Après avoir pendant des années freiné les négociations sur le réchauffement, les grandes entreprises américaines se sont ainsi lentement converties au combat climatique, dans un souci d’image autant que de rentabilité. La donne économique a, de fait, radicalement changé. De grands investisseurs se détournent des énergies fossiles et les entreprises sont pressées de toutes parts d’adapter leur modèle de croissance à un monde délesté du carbone. « Les entreprises s’engagent davantage sur le climat sans tenir compte de la décision (de M. Trump) parce que cela leur permet d’économiser de l’argent, de réduire les risques et surtout parce ce que ça leur ouvre des opportunités massives », a affirmé Kevin Moss, de l’organisation environnementaliste World Resources Institute
Le consensus n’est toutefois pas total. Ardent critique des réglementations environnementales de l’ère Obama, le puissant lobby patronal de la US Chamber of Commerce a adopté un ton très conciliant après l’annonce du retrait américain. « Nous avons hâte de travailler avec le président, le Congrès et toutes les parties prenantes pour fournir les innovations et les technologies qui permettront à l’Amérique de remplir ses objectifs environnementaux », a dit un porte-parole de ce groupement