
BEYROUTH INSIGHT
Couper le bois, le scier, le poncer, le vernir… Pétrir une pâte de pizza, l’étaler, la garnir. Un même exercice de
partage et d’amour de la matière.
Ma cabane dans la montagne
À quelques kilomètres de Beyrouth, l’Eden de Joy Khoury est peuplé d’arbres, de plantes, de bois, de basilic, de fleurs. À peine débarqués, les embouteillages et autres tracas d’une ville épuisante et épuisée sont vite oubliés. Il fait bon et l’air est convivial. Amical. Informel. Depuis 7 ans, dans son atelier aménagé dans cette pseudomontagne, il confectionne des pièces uniques qu’il expose dans cette salle, entre salon improvisé et espace d’expositions. Sur chacune, le prix est écrit au feutre, sans artifices. Ce lieu est idéal pour se poser, décompresser, souffler, apprécier les tables, les fauteuils, les luminaires et autres accessoires en bois avant de se mettre à table. « C’est un concept nouveau. Mon showroom se transforme le soir et reçoit les clients qui viennent dîner. » Les bougies sont allumées, pendant que la nuit tombe sur une chaude journée d’été, Carine Dakkak s’assure que les tables sont prêtes à accueillir les visiteurs. Après des études d’hôtellerie à l’USJ, des arrêts dans différents domaines, la jeune femme semble également avoir trouvé le lieu idéal et le projet qui lui donnent du bonheur. L’ébéniste pizzaiolo s’installe quelques instants avec les amis, parle du bois de cèdre, qu’il utilise en exclusivité, tâte de ses grandes mains la surface de la table, en parlant de sa chair dense et de son goût amer. Puis il s’éclipse, direction la cuisine, revêt son tablier de cuisinier et s’attelle aux fourneaux. Quelques instants plus tard, les pizzas chaudes sont servies avec une bonne salade fraîche. Pas de longs menus, ni de longs discours, la carte se résume en quelques variétés de pizzas, de la charcuterie, une salade et quelques desserts. Au plus grand bonheur des gens qui recherchent le goût des choses simples. Joy Khoury a déposé son empreinte dans The Wood Factory Pizzeria, comme il l’a fait, en toute discrétion, dans Wood of Joy. La recette de ses succès ? « J’utilise mon cerveau. Comme mon cœur. Beaucoup. »